Une allée pour honorer le Commandant Massoud

Publié le 2 mars 2021 à 17:28

Chères amies, chers amis,

 

 « Afghanistan. Pays lointain, en guerre, dont tout le monde se fout. Ou presque... » disait Christophe de Ponfilly, auteur du film « Massoud, l’Afghan ». Aujourd’hui, 20 ans plus tard, la France se rappelle : le conseil de Paris veut honorer le Commandant Massoud, celui qui a résisté à l’armée rouge puis aux talibans, qui a défendu son pays jusqu’à lui donner sa vie : la nomination d’une allée à son nom a été votée à l’unanimité, elle aura lieu en mars dans le Paris 8ème. Ceux qui se sont battus pendant des années sur le terrain et continuent encore aujourd’hui, comme notre association, éprouvent une satisfaction bien amère car ils ont connu fort peu de soutien lors de la lutte de ce peuple contre la plus grande puissance militaire au monde, l’Armée rouge. Aujourd’hui le pays est au bord d’un avenir qui peut basculer dans le plus grand obscurantisme. Les accords passés entre le gouvernement Trump et les talibans sont une honte : cet accord permet l’accès au gouvernement afghan des anciens ennemis de l’Amérique. Les talibans ne respectent aucunement leur engagement, les attentats sont quotidiens, les morts sont nombreux, les migrants fuient de plus en plus. Par ailleurs, l’alliance Chine Pakistan en soutien aux talibans demande un gouvernement provisoire, ce qui affaiblit de plus en plus le gouvernement afghan. Que font nos politiques ? Le nouveau gouvernement américain changera-t-il les choses ? Une nouvelle position peut-elle se faire jour en Europe ? Toutes ces questions nous taraudent et nous inquiètent. 

 

Mais DARAH, malgré les difficultés augmentées par la crise sanitaire, continue de faire ce qu’elle sait faire et a toujours fait : être aux côtés de la population et plus particulièrement les élèves et les étudiants. C’est vraiment un crève-cœur de savoir les écoles d’Istalif fermées depuis maintenant 10 mois. Nous espérons qu’une nouvelle année scolaire pourra commencer fin mars, juste après le nouvel an. Pour l’instant, nous continuons de verser le salaire du chauffeur, pour qui c’est le seul revenu. Et si les écoles sont fermées, les enseignants continuent de se réunir dans les locaux de la Direction de l’enseignement. C’est pourquoi Darah a financé l’achat de panneaux solaires pour parer aux coupures d’électricité fréquentes.

 

Au centre d’architecture de terre de l’Université polytechnique de Kaboul, les cours sont arrêtés en raison de la Covid 19, depuis deux mois. En réalité, c’est la sécurité qui a poussé à la fermeture complète de l’université, suite à l’attentat qui a eu lieu en novembre 2020 à l’Université de Kaboul, provoquant 32 morts et de nombreux blessés. Le gouvernement afghan a attribué cet attentat au groupe taliban de la région. Si le centre d’architecture de terre n’est plus ouvert aux étudiants, les salaires des personnels sont versés tous les mois : actuellement, l’équipe travaille sur un projet de réaménagement du bazar au centre-ville de Sarobi, situé à 60 kms de Kaboul, en utilisant les techniques de recherche sur la terre.  Effectivement, le gouvernement afghan s’intéresse à ce mode de construction et cherche à le promouvoir. 

 

Cet hiver, il y a eu pour l’instant très peu de neige et de pluie, ce qui fait craindre une sécheresse à venir. Le changement climatique est bel et bien réel. Hier, 10 février 2021, il faisait 20° à Kaboul, le printemps est en avance de plus d’un mois. Kaboul manque cruellement d’eau, et le gouvernement afghan et les Indiens viennent de signer un accord pour la construction d’un nouveau barrage pour alimenter la ville.

 

Pour DARAH, cette période est difficile pour récolter des fonds. Différents marchés et concerts ont dû être annulés. Chères amies, chers amis, une fois de plus nous vous remercions pour votre soutien envers les Afghans qui paient un lourd tribut aux erreurs des politiques de tout bord. Nous vous communiquons les nouvelles coordonnées bancaires de DARAH (nous avons dû quitter la Banque postale qui a refusé de continuer à envoyer de l’argent en Afghanistan), et aucune autre banque n’ayant voulu nous accueillir, soit par frilosité soit par manque d’intérêt, c’est finalement la Banque de France qui a désigné le Crédit agricole. 

 

Christophe de Ponfilly disait  : « on n'approche pas impunément un drame; on ne s'implique pas à la légère dans les histoires des autres : la vie prend un autre sens, se gonfle d'une nouvelle importance ».
  

Alors très sincèrement, nous vous disons MERCI.

 

Darah Afghanistan